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HENRI VIII.

mon royaume, qui mérite bien le plus digne héritier de l’univers entier, ne devait pas obtenir de moi une pareille joie. Par une suite toute naturelle je considérai le danger où j’exposais mes royaumes par ce défaut de lignée, et cette pensée mefit souffrir des transescruelles. Ainsi ballotté sur la mer orageuse de ma conscience, je dirigeai ma marche vers ce remède dont l’objet nous rassemble ici en ce jour : c’est-à-dire que je voulus éclairer ma conscience que je sentais cruellement malade, et qui n’est pas bien guérie encore, en demandant l’avis de tous les vénérables pères et des savants docteurs de ce pays. — Et d’abord, j’eus une première conférence privée avec vous, milord de Lincoln : vous vous souvenez de quel poids accablant j’étais oppressé lorsque je commençai à vous en faire la première ouverture. LINCOLN. — Je m’en souviens très-bien, mon souverain. LE ROI HENRI. — J’ai parlé longtemps. — Veuillez dire vous-même jusqu’à quel point vous avez éclairé mes doutes. LINCOLN. — Avec le bon plaisir de Votre Majesté, la question me frappa tellement au premier abord, à cause de son extrême importance, et de ses dangereuses conséquences, que je confiai au doute mes plus hardis conseils et que je pressai Votre Majesté de prendre la marche que vous suivez dans cette cour. LE ROI HENRI. — Je m’adressai ensuite à vous, milord de Cantorbéry, et j’obtins de vous la permission de faire cette convocation. — Je n’ai laissé aucun des membres respectables de cette cour sans lui demander son avis ; et je procédai d’après votre consentement particulier à tous, signé de votre main et scellé de votre sceau. Ainsi, allez en avant ; car je n’ai point été poussé à ceci par aucun dégoût contre la personne de la bonne reine, mais par la force poignante des motifs que je viens d’exposer. Prouvez que notre mariage est légitime, et sur notre vie, sur notre dignité royale, nous sommes satisfaits d’achever le reste du cours de notre vie mortelle avec elle, avec Catherine, notre reine, et nous la préférons à la plus parfaite créature choisie entre toutes celles de la terre.