Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/200

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HENRI VIII.

NORFOLK. — Cardinal, écoutez les ordres du roi : il vous commande de remettre sur-le-champ dans nos mains le grand sceau, et de vous retirer dans le château d’Esher, appartenant à l’évêché de Winchester, jusqu’à ce que Sa Majesté vous fasse savoir ses intentions. WOLSEY. — Un instant : où est votre commission, milords ? Des paroles ne peuvent avoir une si grande autorité. SUFFOLK. — Qui osera les contredire, lorsqu’elles portent la volonté expresse du roi émanée de sa propre bouche. WOLSEY. — Jusqu’à ce qu’on me montre quelque chose de plus que vos paroles et la volonté que vous avez de satisfaire votre haine, sachez, lords officieux que j’ose et dois m’y refuser. Je vois maintenant de quel ignoble élément vous êtes pétris, c’est l’envie. Avec quelle ardeur vous poursuivez ma disgrâce, comme pour vous en repaitre ! Comme on vous trouve coulants et faciles sur tout ce qui peut amener ma ruine ! Suivez le cours de vos envieux projets, hommes de malice ; le christianisme vous y autorise, et nul doute que vous ne receviez en son temps une juste récompense. Ce sceau que vous me redemandez avec tant de violence, le roi, mon maître et le vôtre, me l’a donné de sa propre main ; il m’a ordonné d’en jouir, ainsi que de la place et des honneurs qui y sont attachés, pendant la durée de ma vie, et pour m’assurer la possession de ses bontés il les a confirmées par des lettres patentes. Maintenant qui me les ôtera ? SURREY. — Le roi qui vous les a données. WOLSEY. — Il faut donc que ce soit lui-même. SURREY. — Prêtre, tu es un traître bien orgueilleux. WOLSEY. — Orgueilleux lord, tu mens. Il n’y a pas quarante heures encore, que Surrey aurait moins tremblé de brûler sa langue, que de me parler ainsi. SURREY. — Vice écarlate, c’est ton ambition qui a enlevé de cette terre gémissante le noble Buckingham, mon beau-père ; les têtes de tous tes confrères cardinaux avec la tienne, attachées ensemble, et tout ce que tu as de meilleur, ne valaient pas un cheveu de la sienne. diction