Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/29

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toi, sont tombées sur sa tête : c’est Dieu, et non pas nous, qui a puni ton action sanguinaire.

Élisabeth. ― Dieu montre sa justice en faisant droit à l’innocent !

Hastings. ― Oh ! ce fut l’action la plus odieuse, d’égorger cet enfant ; le trait le plus impitoyable dont on ait jamais entendu parler !

Rivers. ― Les tyrans mêmes pleurèrent, quand on leur en fit le récit.

Dorset. ― Il n’est personne qui n’en ait prédit la vengeance.

Buckingham. ― Northumberland qui y était présent en pleura.

Marguerite. ― Quoi ! vous étiez à vous quereller et tout prêts à vous prendre à la gorge avant que j’arrivasse, et maintenant vous tournez toutes vos haines contre moi ! Les malédictions d’York ont-elles donc eu tant de pouvoir sur le ciel, que la mort de Henri, la mort de mon aimable Édouard, la perte de leur couronne, et mon déplorable bannissement aient seulement servi de satisfaction pour la mort de ce méchant petit morveux ? Les malédictions peuvent-elles percer les nuages et pénétrer dans les cieux ? S’il en est ainsi, nuages épais, donnez passage à mes rapides imprécations.― Qu’au défaut de la guerre, votre roi périsse par la débauche, comme le nôtre a péri par le meurtre, pour le faire roi ! (À la reine.) Qu’Édouard ton fils, aujourd’hui prince de Galles, pour me payer Édouard, mon fils, avant lui prince de Galles, périsse dans sa jeunesse, par une fin violente ! Et toi, qui es reine, pour ma vengeance à moi qui étais reine, puisses-tu survivre à tes grandeurs, comme moi, malheureuse que je suis ! Puisses-tu vivre longtemps pour pleurer longtemps la perte de tes enfants, et en voir une autre parée de tes dépouilles, comme je te vois aujourd’hui à ma place ! Que tes jours de bonheur expirent longtemps avant ta mort, et après de longues heures de peine ; meurs après avoir cessé d’être mère, d’être épouse, d’être reine d’Angleterre ! Rivers, et toi, vous étiez présents, et tu l’étais aussi, lord Hastings, lorsque