Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/41

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violé ton serment, et avec ton épée perfide tu as percé les entrailles du fils de ton souverain.

Second assassin. ― Que tu avais juré de soutenir et de défendre.

premier assassin. ― Comment peux-tu nous opposer la loi redoutable de Dieu, après l’avoir violée à tel point ?

Clarence. ― Hélas ! pour l’amour de qui ai-je commis cette mauvaise action ? Pour Édouard, pour mon frère, pour lui seul : et ce n’est pas pour cela qu’il vous envoie m’assassiner : car il est dans ce péché tout aussi avant que moi. Si Dieu veut en tirer vengeance, sachez qu’il se venge publiquement ; n’ôtez pas à son bras puissant le soin de sa querelle ; il n’a pas besoin de moyens indirects et illégaux pour retrancher du monde ceux qui l’ont offensé.

premier assassin. ― Qui donc t’a chargé de te faire son ministre sanglant, en frappant à mort le brave Plantagenet, ce noble adolescent, qui s’élevait avec tant de vigueur ?

Clarence. ― Mon amour pour mon frère, le diable et ma rage.

premier assassin. ― C’est notre amour pour ton frère, notre obéissance et ton crime, qui nous amènent ici pour t’égorger.

Clarence. ― Si vous aimez mon frère, ne me haïssez pas. Je suis son frère, et je l’aime beaucoup. Si vous êtes payés pour cette action, allez-vous-en, et je vous enverrai de ma part à mon frère Glocester, qui vous récompensera bien mieux pour m’avoir laissé vivre qu’Édouard ne vous payera la nouvelle de ma mort.

Second assassin. ― Vous êtes dans l’erreur : votre frère Glocester vous hait.

Clarence. ― Oh ! cela n’est pas. Il m’aime, et je lui suis cher : allez le trouver de ma part.

Les deux assassins. ― Oui, nous irons.

Clarence. ― Dites-lui que lorsque notre illustre père York bénit ses trois fils de sa main victorieuse, et nous recommanda du fond de son cœur de nous aimer mutuellement, il ne prévoyait guère cette discorde dans notre