Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/416

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lorsqu’il se montrait à la fois tendre et soumis ; couvert de ces voiles, il triomphait de toutes celles qu’il voulait frapper. Plus il désirait une chose, et plus il s’en montrait éloigné ; quand l’ardente luxure enflammait son cœur, il vantait la pureté virginale et célébrait la froide chasteté.

XLIII. — C’était ainsi qu’il couvrait du vêtement d’une Grâce le démon caché et nu, et que des cœurs sans expérience cédaient au tentateur qui planait au-dessus d’eux comme un chérubin. Est-il une seule jeune fille, encore simple et innocente, qui n’eût ainsi succombé ? Hélas ! je succombai, et cependant je me demande ce que je ferais encore aujourd’hui pour un si cher amour.

XLIV. — Oh ! l’humidité traîtresse de son regard, oh ! le feu trompeur qui brillait sur son visage, oh ! l’éclair mensonger qui semblait partir de son cœur, oh ! les tristes soupirs qu’exhalait sa poitrine oppressée, oh ! toute cette émotion feinte, qui semblait si naturelle, tromperaient encore aujourd’hui celle qui s’est déjà laissé tromper, et la jeune fille pardonnée succomberait de nouveau. »