ensemble si tu veux bien te prêter à faire souche, sinon je prophétise
qu’un instant ; que ce vaste monde ne présente que des spectacles sur
lesquels les étoiles exercent en secret leur influence ; quand je vois
que les hommes se multiplient comme les plantes, sont nourris et
desséchés par le même ciel, qu’ils s’enorgueillissent de leur séve de
jeunesse, décroissent quand ils sont arrivés au faîte, et disparaissent
du souvenir avec leur éclat, alors l’idée de cette courte durée vous
fait apparaître à mes yeux dans toute la richesse de votre jeunesse, je
vois le temps prodigue discuter avec le déclin pour changer en une
sombre nuit le jour de votre jeunesse, et faisant la guerre au temps par
amour pour vous, je vous greffe de nouveau, à mesure qu’il vous enlève
sanguinaire, le Temps ? et pourquoi ne vous fortifiez-vous pas contre le
déclin par des moyens plus heureux que des vers stériles ? Vous êtes
maintenant au faîte des jours heureux, bien des jardins vierges encore,
et qui ne sont pas plantés, porteraient avec une vertueuse joie vos
fleurs vivantes, bien plus ressemblantes que votre portrait en peinture.
Alors les traits de la vie répareraient la vie, ce que ni le crayon du
temps, ni ma plume son élève ne peuvent faire pour vous, ni comme valeur
intime, ni comme beauté extérieure, ils vous feraient vivre aux yeux des
hommes ; là vous donnant, vous vous conservez vous-même, et vous vivrez,
vous méritez ? Cependant le ciel le sait, ce n’est qu’une tombe qui cache
votre vie et ne laisse voir que la moitié de vos charmes. Si je pouvais
retracer la beauté de vos yeux, et énumérer toutes vos grâces dans des
vers nouveaux, les siècles à venir diraient : Le poëte en a menti ; ces