Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/98

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vers Richmond ; et Buckingham, soutenu par les intrépides Gallois, est en campagne ; ses forces s’accroissent à chaque instant.

Le roi Richard. ― Ély, joint à Richmond, m’inquiète bien plus que Buckingham et sa troupe ramassée à la hâte.― Allons, on m’a appris que les réflexions que l’on fait sur le danger sont les pesants auxiliaires du paresseux délai, et que le délai conduit après lui l’impotente indigence au pas de tortue. Volons donc sur les ailes de la rapidité, prompte comme la flamme, messagère de Jupiter, et faite pour être le héraut d’un roi ! Partons, assemblons une armée.― Mon bouclier est mon conseil : il faut abréger, quand les traîtres osent se mettre en campagne.

(Ils sortent.)


Scène 4

Toujours à Londres.― Devant le palais.

Marguerite.

Marguerite. ― Ainsi leur prospérité touche à sa maturité ; elle va tomber bientôt dans la bouche pourrie de la mort. J’ai erré secrètement à l’entour de ces lieux pour observer la ruine de mes ennemis. Je suis témoin d’un sinistre début, et je repasserai en France avec l’espoir que les scènes qui vont suivre seront aussi funestes, aussi cruelles, aussi tragiques.― Éloigne-toi, malheureuse Marguerite, quelqu’un approche.

(Entrent la reine Élisabeth et la duchesse d’York.)

Élisabeth. ― Ah ! mes pauvres princes ! mes tendres enfants, fleurs non encore épanouies, douces plantes qui ne veniez que d’apparaître ; si vos âmes chéries volent encore dans les airs, si un éternel arrêt n’a pas fixé votre séjour, planez autour de moi sur vos ailes invisibles, et écoutez les gémissements de votre mère.

Marguerite. ― Oui, planez autour d’elle ; dites-lui que c’est la justice vengeresse du droit qui a couvert votre matin naissant des ombres de la vieille nuit.