Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/107

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connu l’estimait pour tel), — tua ce Fortinbras. — En vertu d’un contrat bien scellé, — dûment ratifié par la justice — et par les hérauts, Fortinbras perdit avec la vie — toutes les terres qu’il possédait et qui revinrent aux vainqueurs. — Contre ce gage, une portion équivalente — avait été risquée par notre roi. — Maintenant, mon cher, le jeune Fortinbras, — écervelé tout plein d’une ardeur fougueuse, — a ramassé çà et là, sur les frontières de Norwége, — une bande d’aventuriers sans lois, — enrôlés moyennant les vivres et la paye, pour quelque entreprise — hardie. Et voilà, je pense, — le motif principal et l’objet des gardes qu’on nous fait monter.
Entre le Spectre.

Mais, regardez ! là ! Voyez, il revient encore ! — Je vais lui barrer le passage, dût-il me foudroyer. Arrête, illusion. — S’il y a à faire quelque bonne action — qui puisse contribuer à ton soulagement et à mon salut, — parle-moi. — Si tu es dans le secret de quelque malheur national — qu’un avertissement pourrait peut-être empêcher, — oh ! parle-moi ! — Ou, si pendant ta vie tu as extorqué — et enfoui un trésor dans le sein de la terre, — ce pourquoi, vous autres esprits, vous errez souvent, dit-on, après la mort, — parle-moi ; arrête et parle ! parle ! Retiens-le, Marcellus.

Sort le Spectre.
DEUXIÈME SENTINELLE.

Il est ici !

HORATIO.

Il est ici !

MARCELLUS.

Il est parti ! — Oh ! nous avons tort de faire à un être si majestueux des menaces de violence, — car il est, comme l’air, invulnérable, — et nos vains coups ne seraient qu’une vaine moquerie.