Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/130

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argent, avec ma bénédiction, et dites-lui de bien travailler, Montano.
MONTANO.

Oui, monseigneur.

CORAMBIS.

Pour vous enquérir de sa conduite, — vous ferez très-bien, Montano, de dire ceci : — J’ai connu ce gentilhomme ou je connais son père. — Étant parmi ses connaissances, — vous pourrez dire que vous l’avez vu à telle époque, écoutez-moi bien, — jouer ou boire, jurer ou courir les filles. — Vous pouvez aller jusque-là.

MONTANO.

Monseigneur, cela compromettra sa réputation.

CORAMBIS.

Pas du tout, ma foi, pas du tout. — Alors peut-être tombera-t-on d’accord avec vous, — si vous tempérez la chose de façon à ne le point déshonorer… — Qu’est-ce que j’allais dire ?

MONTANO.

Peut-être tombera-t-on d’accord avec moi ?…

CORAMBIS.

Oui, c’est cela, peut-être tombera-t-on d’accord avec vous. — Alors on vous dira… Voyons donc ce qu’on vous dira… — On vous dira ceci, pardieu : Je l’ai vu hier, ou l’autre jour ; — ou alors, ou à tel moment, jouant aux dés, — ou à la paume, ou buvant ou ivre, ou entrant — dans une maison légère, autrement dit bordel. — C’est ainsi, monsieur, que nous, hommes de portée qui connaissons le monde, — nous trouvons indirectement notre direction. — Et voilà comment vous connaîtrez mon fils. Vous m’avez compris, n’est-ce pas ?

MONTANO.

Oui, monseigneur.