Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/146

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CORAMBIS.

Toujours à rabâcher de ma fille ! Bien, monseigneur, — si vous m’appelez Jephté, c’est que j’ai une fille que — j’aime passionnément.

HAMLET.

Non, cela ne s’ensuit pas.

CORAMBIS.

Qu’est-ce donc qui s’ensuit, monseigneur ?

HAMLET.

Eh bien ! — mais, par hasard, Dieu sait pourquoi, — ou il — arriva comme c’était probable… — Les premiers vers de cette excellente ballade — vous apprendront tout ; mais, regardez, voici qui me fait abréger.

Entrent les Comédiens.

Soyez les bienvenus, mes maîtres, bienvenus tous. — Eh quoi ! mon vieil ami ! comme ta figure s’est aguerrie — depuis que je ne t’ai vu ; viens-tu en Danemark pour me faire la barbe ? — Ma jeune dame, ma princesse ! Par notre Dame ! — votre grâce a grandi de toute la hauteur d’un sabot vénitien. — Priez Dieu, monsieur, que votre voix, comme une pièce d’or — qui n’a plus cours, ne se fêle pas dans le cercle de votre gosier. — Allons mes maîtres ! Vite à la besogne, comme les fauconniers français, — et élançons-nous après la première chose venue. Allons, — un échantillon de votre talent. Une tirade ! une tirade passionnée !

LES COMÉDIENS.

Quelle tirade, mon bon seigneur ?

HAMLET, à l’un d’eux.

Je t’ai entendu un jour déclamer une tirade — qui n’a jamais été dite sur la scène, ou dans tous les cas, — ne l’a été que deux fois. Car la pièce, je m’en souviens, — ne plaisait pas au vulgaire ; c’était du caviar — pour