Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/149

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Traitez-les conformément à votre propre rang, à votre dignité. — Moins vos égards sont mérités, plus ils vous font honneur.
CORAMBIS.

Vous êtes les bienvenus, mes braves enfants.

Il sort.
HAMLET.

Approchez, mes maîtres. Ne pourriez-vous pas jouer le Meurtre de Gonzague ?

LES COMÉDIENS.

Si, monseigneur.

HAMLET.

Et ne pourrais-tu pas, toi, au besoin, m’étudier — douze ou quinze vers — que j’écrirais et que j’intercalerais ?

LE COMÉDIEN.

Oui ; très-facilement, mon bon seigneur.

HAMLET.

C’est bien, merci… Suivez ce seigneur, — et, vous m’entendez, messieurs, ayez soin de ne pas vous moquer de lui… — Messieurs, je vous remercie de votre obligeance, — je voudrais être seul un moment.

GILDERSTONE.

Notre affection et nos services sont à vos ordres.

Tous sortent, excepté Hamlet.
HAMLET.

Ah ! niais de basse-cour, rustre que je suis ! — Quoi ! voici un comédien qui vous arrache les larmes des yeux, — pour Hécube ! Que lui est Hécube et qu’est-il à Hécube ? — Que ferait-il donc, s’il avait perdu ce que j’ai perdu, — s’il avait eu son père assassiné, sa couronne volée ? — il changerait toutes ses larmes en gouttes de sang, — il étourdirait les assistants de ses lamentations, — il frapperait de stupeur les oreilles judicieuses, — confondrait les ignorants, rendrait muets les sages, — et