Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/153

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mais donnez à toute chose son geste avec sobriété. — Oh ! cela me blesse jusque dans l’âme — d’entendre un robuste gaillard en perruque — mettre une passion en lambeaux, voire en haillons, — et fendre les oreilles des ignorants qui, généralement, — n’aiment que les pantomimes et les bruits. — Je voudrais faire fouetter, ce gaillard-là — qui charge ainsi les matamores, et outrehérode Hérode.
LES COMÉDIENS.

Monseigneur, nous avons réformé cela passablement.

HAMLET.

Le plus sera le mieux. Réformez cela tout à fait. — Oh ! j’ai vu jouer des acteurs ; — j’en ai entendu vanter hautement — qui n’avaient la tournure ni d’un chrétien, ni d’un païen, — ni d’un Turc. Ils s’enflaient et hurlaient de telle façon — que vous les auriez crus enfantés par des journaliers de la nature, — qui, voulant faire des hommes, les avaient manqués, — et avaient produit une abominable contrefaçon de l’humanité. — Ayez soin d’éviter cela.

LES COMÉDIENS.

Nous vous le promettons, monseigneur.

HAMLET.

Et entendez-vous ? Que votre clown — ne dise rien en dehors de son rôle. Car il en est, je puis vous le dire, — qui se mettent à rire d’eux-même pour faire rire — avec eux un certain nombre de spectateurs stupides, — au moment même où il faudrait observer — quelque point essentiel de la pièce. Oh ! cela est ignoble, cela montre — une ambition pitoyable chez le bouffon dont c’est l’usage. — Et puis il en est d’autres qui s’en tiennent au même choix — de plaisanterie comme des gens qui porteraient toujours le même choix — de vêtements, et dont les spectateurs citent à table — les bons mots,