Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/183

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— C’est la vengeance qui doit soulager mon cœur, — car le malheur enfante le malheur, et la douleur est pendue à la douleur.
Ils sortent.

SCÈNE XVII.[1]
[Un cimetière.]
Entrent deux paysans, l’un après l’autre.
PREMIER PAYSAN.

Je dis que non ; elle ne doit pas être ensevelie — en sépulture chrétienne.

DEUXIÈME PAYSAN.

Pourquoi, monsieur ?

PREMIER PAYSAN.

Parbleu ! parce qu’elle s’est noyée.

DEUXIÈME PAYSAN.

Mais elle ne s’est pas noyée elle-même.

PREMIER PAYSAN.

Non, cela est certain, c’est l’eau qui l’a noyée.

DEUXIÈME PAYSAN.

J’entends, mais c’était contre sa volonté.

PREMIER PAYSAN.

Non, je nie ça. Faites attention, monsieur. Je me tiens ici, — si l’eau vient à moi, ce n’est pas moi-même qui me noie ; — mais, si je vais à l’eau et si j’y suis noyé, — ergò, je suis coupable de ma propre mort. — Vous y êtes, à présent, vous y êtes, mon cher.

DEUXIÈME PAYSAN.

Tout ce que je vois, c’est qu’elle est ensevelie en chrétienne, — parce que c’est une grande dame.

  1. Voir la scène xix dans le second Hamlet.