Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/213

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mes pensées et mes vœux se tournent de nouveau vers la France — et s’inclinent humblement devant votre gracieux congé.
LE ROI.

— Avez-vous la permission de votre père ? que dit Polonius ?

POLONIUS.

— Il a fini, monseigneur, par me l’arracher — à force d’importunités ; mais, enfin, — j’ai à regret mis à son désir le sceau de mon consentement. — Je vous supplie de le laisser partir.

LE ROI.

— Pars quand tu voudras, Laertes : le temps t’appartient, emploie-le au gré de tes plus chers caprices. — Eh bien ! Hamlet, mon cousin et mon fils…

HAMLET, à part.

— Un peu plus que cousin, et un peu moins que fils.

LE ROI.

— Pourquoi ces nuages qui pèsent encore sur votre front ?

HAMLET.

— Il n’en est rien, seigneur ; je suis trop près du soleil.

LA REINE.

— Bon Hamlet, dépouille ces couleurs nocturnes — et jette au roi de Danemark un regard ami. — Ne t’acharne pas, les paupières ainsi baissées, — à chercher ton noble père dans la poussière. — Tu le sais, c’est la règle commune : tout ce qui vit doit mourir, — emporté par la nature dans l’éternité.

HAMLET.

— Oui, madame, c’est la règle commune.