— Viens avec moi : je vais trouver le roi. — C’est bien là le délire même de l’amour : — il se frappe lui-même dans sa violence, — et entraîne la volonté à des entreprises désespérées, — plus souvent qu’aucune des passions qui, sous le ciel, — accablent notre nature. Je suis fâché… — Ah çà, lui auriez-vous dit dernièrement des paroles dures ?
— Non, mon bon seigneur ; mais, comme vous me l’aviez commandé, — j’ai repoussé ses lettres et je lui ai refusé — tout accès près de moi.
C’est cela qui l’a rendu fou. — Je suis fâché de n’avoir pas mis plus d’attention et de discernement — à le juger. Je craignais que ce ne fût qu’un jeu, — et qu’il ne voulût ton naufrage. Mais maudits soient mes soupçons ! — Il semble que c’est le propre de notre âge — de pousser trop loin la précaution dans nos jugements, — de même que c’est chose commune parmi la jeune génération — de manquer de retenue. Viens, allons trouver le roi. — Il faut qu’il sache tout ceci : le secret de cet amour peut provoquer — plus de malheurs que sa révélation de colères. — Viens.