Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/263

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POLONIUS.

Si vous m’appelez Jephté, monseigneur, c’est que j’ai une fille que j’aime passionnément.

HAMLET.

Non, cela ne s’ensuit pas.

POLONIUS.

Qu’est-ce donc qui s’ensuit, monseigneur ?

HAMLET.

Eh bien !

Mais par hasard Dieu sait pourquoi.

Et puis, vous savez :

Il arriva, comme c’était probable…

Le premier couplet de cette pieuse complainte vous en apprendra plus long ; mais regardez, voici qui me fait abréger.

Entrent quatre ou cinq comédiens.

Vous êtes les bienvenus, mes maîtres ; bienvenus tous.

À l’un d’eux.

Je suis charmé de te voir bien portant… Bienvenus, mes bons amis !…

À un autre.

Oh ! ce vieil ami ! comme ta figure s’est aguerrie depuis que je ne t’ai vu ; viens-tu en Danemark pour me faire la barbe ?… Et vous, ma jeune dame, ma princesse ! Par Notre-Dame ! votre grâce, depuis que je ne vous ai vue, est plus rapprochée du ciel de toute la hauteur d’un sabot vénitien. Priez Dieu que votre voix, comme une pièce d’or qui n’a plus cours, ne se fêle pas dans le cercle de votre gosier (10) !… Mes Maîtres, vous êtes tous les bienvenus. Vite, à la besogne, comme les fauconniers français, et élançons-nous après la première chose venue. Tout de suite une tirade ! Allons ! donnez--