Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/291

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HAMLET.

Vous vous seriez montré plus riche de sagesse en allant en instruire le médecin ; car, pour moi, si j’essayais de le purger, je le plongerais peut-être dans une plus grande colère.

GUILDENSTERN.

Mon bon seigneur, soumettez vos discours à quelque logique, et ne vous dérobez pas avec tant d’emportement à ma demande.

HAMLET.

Me voici apprivoisé, monsieur ; parlez.

GUILDENSTERN.

La reine votre mère, dans la profonde affliction de son âme, m’envoie auprès de vous.

HAMLET.

Vous êtes le bienvenu.

GUILDENSTERN.

Non, mon bon seigneur, cette politesse n’est pas de bon aloi. S’il vous plaît de me faire une saine réponse, j’accomplirai l’ordre de votre mère ; sinon, votre pardon et mon retour termineront ma mission.

HAMLET.

Monsieur, je ne puis…

GUILDENSTERN.

Quoi, monseigneur ?

HAMLET.

Vous faire une saine réponse : mon esprit est malade. Mais, monsieur, pour une réponse telle que je puis la faire, je suis à vos ordres, ou plutôt, comme vous le disiez, à ceux de ma mère. Ainsi, sans plus de paroles, venons au fait : ma mère, dites-vous ?…

ROSENCRANTZ.

Voici ce qu’elle dit : votre conduite l’a frappée d’étonnement et de stupeur.