Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/358

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voilà l’enjeu danois contre l’enjeu français. Et sur quoi ce pari ?
OSRIC.

Le roi a parié, monsieur, que, sur douze bottes échangées entre vous et Laertes, celui-ci n’en porterait pas trois de plus que vous ; Laertes a parié vous toucher neuf fois sur douze. Et la question serait soumise à une épreuve immédiate, si votre seigneurie daignait répondre.

HAMLET.

Comment ? Si je réponds non ?

OSRIC.

Je veux dire, monseigneur, si vous daigniez opposer votre personne à cette épreuve.

HAMLET.

Monsieur, je vais me promener ici dans cette salle : si cela convient à sa majesté, voici pour moi l’heure du délassement. Qu’on apporte les fleurets, si ce gentilhomme y consent ; et pour peu que le roi persiste dans sa gageure, je le ferai gagner, si je peux ; sinon, j’en serai quitte pour la honte et les bottes de trop.

OSRIC.

Rapporterai-je ainsi votre réponse ?

HAMLET.

Dans ce sens-là, monsieur ; ajoutez-y toutes les fleurs à votre goût.

OSRIC.

Je recommande mon dévouement à votre seigneurie.

Il sort.
HAMLET.

Tout à vous, tout à vous !… Il fait bien de se recommander lui-même ; il n’y a pas d’autres langues pour s’en charger.