Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/366

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HAMLET.

La pointe — empoisonnée aussi ! Alors, venin, à ton œuvre !

Il frappe le roi.
OSRIC ET LES SEIGNEURS.

Trahison ! trahison !

LE ROI.

— Oh ! défendez-moi encore, mes amis ; je ne suis que blessé.

HAMLET.

— Tiens, toi, incestueux, meurtrier, damné Danois ! — Bois le reste de cette potion !… Ta perle y est-elle ? — Suis ma mère.

Le roi meurt.
LAERTES.

Il a ce qu’il mérite : c’est un poison préparé par lui-même. — Échange ton pardon avec le mien, noble Hamlet. — Que ma mort et celle de mon père ne retombent pas sur toi, — ni la tienne sur moi !

Il meurt.
HAMLET.

— Que le ciel t’en absolve ! Je vais te suivre. — Je meurs, Horatio. Misérable reine, adieu ! — Vous qui pâlissez et tremblez devant cette catastrophe, — muets auditeurs de ce drame, — si j’en avais le temps, si la mort, ce recors farouche, — ne m’arrêtait si strictement, — oh ! je pourrais vous dire… — Mais résignons-nous : Horatio, je meurs, — tu vis, toi ! justifie-moi, explique ma cause — à ceux qui l’ignorent.

HORATIO.

Ne l’espérez pas. — Je suis plus un Romain qu’un Danois. — Il reste encore ici de la liqueur.

HAMLET.

Si tu es un homme, — donne-moi cette coupe ; lâche-