Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/182

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LE ROI JEAN.

— Quelle est la conséquence, si nous n’y consentons pas ?

CHÂTILLON.

— L’impérieuse contrainte d’une guerre furieuse et sanglante, — afin d’imposer par la force des droits ainsi repoussés par la force.

LE ROI JEAN.

— Ici, nous avons guerre pour guerre, sang pour sang, — contrainte pour contrainte : réponds cela à la France.

CHÂTILLON.

— Reçois donc par ma bouche le défi de mon roi ; c’est la limite extrême de mes pouvoirs.

LE ROI JEAN.

— Porte-lui le mien et pars en paix. — Apparais comme l’éclair aux yeux de la France ; — sinon, avant que tu aies pu annoncer que je serai là, — le tonnerre de mon canon s’y sera fait entendre. — Hors d’ici, donc ! sois la trompette de notre colère — et le sinistre augure de votre propre ruine. — Qu’on lui donne une escorte d’honneur ; — Pembroke, veillez-y. Adieu, Châtillon.

Châtillon et Pembroke sortent.
ÉLÉONORE, bas au roi Jean.

— Eh bien, mon fils, n’ai-je pas toujours dit — que l’ambitieuse Constance n’aurait point de repos — qu’elle n’eût enflammé la France et le monde entier — pour les droits et la cause de son fils ? — Cette affaire aurait pu être prévenue et arrangée — par quelques protestations bien faciles d’amitié ; — maintenant, soumise à l’arbitrage de deux royaumes, elle ne peut avoir — qu’une issue terrible et sanglante.