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LE ROI JEAN.
affamée — soit nourrie par le sein plantureux de la paix. — Use de nos pouvoirs dans toute leur étendue.
LE BÂTARD.

— Ni cloche, ni bréviaire, ni cierge ne me fera reculer, — quand l’or et l’argent me font signe d’avancer. — Je laisse votre altesse…

À la reine-mère.

Grand’mère, — si jamais je me souviens d’être dévot, — je prierai pour votre beau salut. Sur ce, je baise votre main.

LA REINE-MÈRE.

— Adieu, gentil cousin.

LE ROI JEAN.

Cher cousin, adieu !

Le Bâtard sort.
LA REINE-MÈRE, à Arthur.

— Viens ici, petit parent ; écoute, un mot !

Arthur quitte la main d’Hubert et va à la reine-mère, qui l’emmène à l’écart. Les lords se retirent au fond de la scène.
LE ROI JEAN.

— Viens ici, Hubert.

Hubert s’approche du roi.

Ô mon doux Hubert, — nous te devons beaucoup. Dans cette enceinte de chair — il est une âme qui te compte pour son créancier, — et qui veut te payer ton dévouement avec usure. — Ah ! mon bon ami, ton serment volontaire — vit là, tendrement caressé dans mon cœur. — Donne-moi ta main… J’avais une chose à te dire ; — mais je la réserve pour un meilleur moment. — Par le ciel, Hubert, j’ai presque honte — de te dire quelle sincère estime j’ai de toi.

HUBERT.

— Je suis bien obligé à votre majesté.

LE ROI JEAN.

— Bon ami, tu n’as pas encore de motif pour dire cela,