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SCÈNE IX.
le Dauphin et ses forces. — Vos nobles, sans vouloir vous entendre, sont allés — offrir leurs services à votre ennemi, — et une folle épouvante chasse en désordre — le petit nombre de vos douteux amis.
LE ROI JEAN.

— Est-ce que mes lords n’ont pas voulu revenir à moi, — quand ils ont su qu’Arthur était vivant ?

LE BÂTARD.

— Ils l’ont trouvé mort et jeté dans la rue : — coffret vide, d’où le joyau de la vie — avait été volé et emporté par quelque main infernale.

LE ROI JEAN.

— Ce scélérat d’Hubert m’avait dit qu’il vivait.

LE BÂTARD.

— Sur mon âme, il a dit ce qu’il croyait. — Mais pourquoi vous affaissez-vous ? pourquoi avez-vous l’air triste ? — Soyez grand en action, comme vous l’avez été en pensée. — Que le monde ne voie pas la peur et la triste méfiance — gouverner le mouvement d’un regard royal ! — Marchez au pas du temps ; soyez de flamme avec la flamme ; — menacez qui vous menace, et faites face aux bravades — de l’intimidation fanfaronne : ainsi les regards inférieurs, — qui empruntent leur expression aux grands, — grandiront par votre exemple et s’animeront — d’un indomptable esprit de résolution. — En avant ! soyez brillant comme le dieu de la guerre, — quand il veut être en tenue de campagne. — Montrez l’audace et l’aspiration de la confiance. — Quoi ! faudra-t-il qu’ils viennent chercher le lion dans son antre, — et l’y traquer, et l’y faire trembler ? — Oh ! que cela ne soit pas dit ! En plaine ! Élancez-vous — de ces portes au-devant de la révolte, — et empoignez-la avant qu’elle ait approché.

LE ROI JEAN.

— J’ai vu le légat du pape, — et j’ai fait avec lui une