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LE ROI JEAN.

LE BÂTARD.

— Ami… Qui es-tu, toi ?

HUBERT.

Du parti de l’Angleterre.

LE BÂTARD.

— Où vas-tu ?

HUBERT.

— Qu’est-ce que ça te fait ? Pourquoi ne m’occuperais-je pas — de tes affaires, aussi bien que toi des miennes ?

LE BÂTARD.

— Hubert, je suppose !

HUBERT.

Tu as parfaitement supposé. — Je veux bien à tout hasard te croire — de mes amis, toi qui connais si bien ma voix. — Qui es-tu ?

LE BÂTARD.

Qui tu voudras. Tu peux, s’il te plaît, — me faire l’amitié de croire — que je descends par un côté des Plantagenets.

HUBERT.

— Désobligeante mémoire ! C’est toi et la nuit sans yeux — qui m’avez mis dans l’embarras… Brave soldat, pardonne-moi — si l’accent de ta voix — n’a pas été reconnu par mon oreille.

LE BÂTARD.

— Approche, approche. Trêve de compliments. Quelles nouvelles ?

HUBERT.

— Justement, je marchais par ici, à la face sombre de la nuit, — pour vous trouver.

LE BÂTARD.

Vite donc ! quelles nouvelles ?

HUBERT.

— Oh ! monsieur, une nouvelle à l’avenant de la nuit, — sombre, effrayante, désespérante, horrible !