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SCÈNE II.

RICHARD.

— Qu’il vous plaise de laisser cette tâche funèbre — à celui qui a plus que vous sujet de prendre le deuil, — et de vous rendre immédiatement à Crosby-Place. — Là, après avoir solennellement enterré — ce noble roi au monastère de Chertsey — et arrosé son tombeau de mes larmes de repentir, — j’irai vous rendre mes plus humbles devoirs. — Pour diverses raisons secrètes, je vous en supplie, — accordez-moi cette grâce.

LADY ANNE.

— De tout mon cœur ; je suis bien joyeuse — de vous voir devenu si pénitent. — Tressel, et vous, Berkley, venez avec moi.

RICHARD.

— Dites-moi adieu.

LADY ANNE.

C’est plus que vous ne méritez, — mais, puisque vous m’apprenez à vous leurrer, — figurez-vous que je vous ai dit adieu déjà.

Lady Anne, Tressel et Berkley sortent.
RICHARD.

— Emportez le corps, messieurs (47).

UN GENTILHOMME.

À Chertsey, noble lord ?

RICHARD.

— Non, à White-Friars. Attendez-moi là.

Le cortége sort avec le corps.
RICHARD, seul.

— A-t-on jamais courtisé une femme de cette façon ? — A-t-on jamais gagné une femme de cette façon ? — Je l’aurai, mais je ne la garderai pas longtemps. — Comment ! moi, qui ai tué son mari et son père, — la prendre ainsi au plus fort de son horreur, — quand elle a la malédiction à la bouche, les pleurs dans les yeux, — et,