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SCÈNE XXII.
delà les mers ; — balayons d’ici ces insolents haillons de France, — ces mendiants affamés, lassés de leur vie, — qui, s’ils n’avaient songé à cette folle expédition, — pauvres rats, se seraient pendus de misère ! — Si nous sommes vaincus, soyons-le par des hommes, — et non par ces bâtards de Bretagne que nos pères — sont allés battre, berner, rosser, sur leurs propres terres, — et qu’ils ont faits dans l’histoire les héritiers de l’ignominie ! — Est-ce que ces gens-là jouiront de nos terres, coucheront avec nos femmes, — nous raviront nos filles ?…
Roulement de tambour.

Écoutez ; j’entends leurs tambours. — Au combat, gentilshommes d’Angleterre ! Au combat, milice hardie ! — Tirez, archers, tirez vos flèches à la tête ; — éperonnez ferme vos fiers chevaux, et chargez dans le sang. — Éblouissez le firmament des éclats de vos lances !

Entre un courrier.

— Que dit lord Stanley ? va-t-il amener ses forces ?

LE COURRIER.

— Milord, il refuse de venir.

RICHARD.

— À bas la tête de son fils George !

NORFOLK.

— Milord, l’ennemi a passé le marais. — Ne faites mourir George Stanley qu’après la bataille.

RICHARD.

— Mille cœurs se dilatent dans ma poitrine. — En avant nos étendards ! sus à l’ennemi ! — Que notre ancien cri de vaillance : Beau saint George ! — nous inspire la rage des dragons de flamme ! — à l’ennemi ! La victoire plane sur nos cimiers.

Ils sortent.