Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/92

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reuse chasse — tout ce qui t’écarte du cercle d’or — dont le destin et une puissance surnaturelle semblent — avoir couronné.

Entre un serviteur.

Quelles nouvelles apportez-vous ?

LE SERVITEUR.

— Le roi arrive ici ce soir.

LADY MACBETH.

Tu es fou de dire cela. — Est-ce que ton maître n’est pas avec lui ? Si cela était, — il m’aurait avertie de faire des préparatifs.

LE SERVITEUR.

— La chose est certaine, ne vous en déplaise ; notre thane approche ; — il s’est fait devancer par un de mes camarades, — qui, presque mort d’essoufflement, a eu à peine la force — d’accomplir son message.

LADY MACBETH.

Qu’on prenne soin de lui : — il apporte une grande nouvelle.

Le serviteur sort.
LADY MACBETH, seule, continuant.

Le corbeau lui-même s’est enroué — à croasser l’entrée fatale de Duncan — sous mes créneaux. Venez, venez, esprits — qui assistez les pensées meurtrières ! Désexez-moi ici, — et, du crâne au talon, remplissez-moi toute — de la plus atroce cruauté. Épaississez mon sang, — fermez en moi tout accès, tout passage au remords ; — qu’aucun retour compatissant de la nature — n’ébranle ma volonté farouche et ne s’interpose — entre elle et l’exécution ! Venez à mes mamelles de femme, — et changez mon lait en fiel, vous, ministres du meurtre, — quel que soit le lieu où, invisibles substances, — vous aidiez à la violation de la nature.