Je hais l’orgueilleux, comme je hais l’engeance des crapauds.
Et pourtant il s’aime, lui, n’est-ce pas étrange ?
— Achille ne veut pas se battre demain.
— Quelle est son excuse ?
Il ne se rattache à aucune ; — il se laisse entraîner au courant de son humeur, — sans considération, sans égard pour personne, — par son caprice personnel et par sa présomption.
— Pourquoi ne veut-il pas, sur notre loyale requête, — sortir de sa tente et prendre l’air avec nous ?
— Les moindres choses, par cela seul qu’on les lui demande, — il les rend importantes. Il est possédé de sa grandeur ; — il ne se parle à lui-même qu’avec un orgueil — qui discute chacun de ses mots : son mérite imaginaire — entretient dans son sang une exaltation si forte et si ardente — qu’Achille en est ébranlé jusqu’au délire — dans son empire sur ses facultés mentales et actives, — et qu’il se frappe lui-même. Que vous dirai-je ? — Il est si désespérément orgueilleux que tous les symptômes mortels du mal — crient : Pas de remède !