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SCÈNE IX.
comme si vous ne le reconnaissiez pas, et tous les — princes que voici — jetteront sur lui un regard négligent et vague. — J’arriverai le dernier. Il est probable qu’il me demandera — pourquoi tous ces yeux se sont tournés sur lui si dédaigneusement. — Dans ce cas, j’ai en réserve une potion d’ironie — que j’interposerai entre votre froideur et son orgueil, — et qu’il ne demandera pas mieux que d’avaler. — Cela pourra lui faire du bien. L’orgueil n’a pas d’autre glace — où se voir que l’orgueil ; car la souplesse du genou — entretient l’arrogance et donne à l’orgueilleux ses honoraires.
AGAMEMNON.

— Nous allons exécuter votre idée, et affecter — un air d’indifférence en passant devant sa tente. — Que chaque seigneur en fasse autant ; que nul ne le salue, — si ce n’est d’une façon dédaigneuse dont il sera plus contrarié — que si nul ne le regardait. Je vais ouvrir la marche.

Il s’avance avec Nestor vers la tente d’Achille.
ACHILLE.

— Ah ! est-ce que le général vient me parler ? — Vous connaissez ma résolution ; je ne veux plus combattre contre Troie.

AGAMEMNON.

— Que dit Achille ? Désire-t-il quelque chose de nous ?

NESTOR, s’approchant d’Achille.

— Désirez-vous quelque chose du général, monseigneur ?

ACHILLE.

— Non.

NESTOR, à Agamemnon.

Rien, monseigneur.