Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
299
SCÈNE XI.

LE MOINE.

— C’est donc chose convenue. Maintenannt partons. — À des maux étranges on applique d’étranges remèdes…

À Héro.

— Venez, madame, venez mourir pour vivre ; ces noces — ne sont peut-être que différées ; prenez patience, et résignez-vous. —

Le moine, Héro et Léonato sortent.
BÉNÉDICT.

Avez-vous pleuré tout ce temps, madame Béatrice ?

BÉATRICE.

Oui, et je pleurerai longtemps encore.

BÉNÉDICT.

Ce n’est pas ce que je désire.

BÉATRICE.

Qu’importe ? C’est spontanément que je pleure.

BÉNÉDICT.

Je crois, en vérité, qu’on diffame votre cousine.

BÉATRICE.

Ah ! combien il mériterait de moi, l’homme qui lui obtiendrait réparation !

BÉNÉDICT.

Y a-t-il un moyen de vous donner cette preuve d’amitié ?

BÉATRICE.

Le moyen, un moyen bien simple, existe, mais non l’ami.

BÉNÉDICT.

Un homme peut faire cela ?

BÉATRICE.

C’est l’office d’un homme, mais non le vôtre.

BÉNÉDICT.

Je n’aime rien au monde autant que vous : n’est-ce pas étrange ?