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LE CONTE D’HIVER.
au moment même — où je parle, qui donne le bras à sa femme, — sans se douter qu’elle a lâché l’écluse en son absence, — et laissé pêcher dans le bassin son voisin d’à côté, — messire Sourire, son voisin ! Oui, c’est une consolation de me dire — que d’autres hommes ont des portes, et que ces portes s’ouvrent, — comme les miennes, contre leur volonté ; si tous ceux — qui ont des femmes en révolte se désespéraient, le dixième de l’humanité — irait se pendre. Il n’y a pas de remède à cela ; — nous sommes sous l’influence d’une planète maquerelle qui frappe — partout où elle domine, et qui est toute-puissante, croyez-le, — de l’est à l’ouest et du nord au sud. Conclusion, — pas de barricade pour un ventre ! Sachez-le, — il laissera entrer et sortir l’ennemi — avec armes et bagage. Des millions d’entre nous — ont la maladie et ne le sentent pas… Comment es-tu, mon garçon ?
MAMILIUS.

— Je suis comme vous, à ce qu’on dit.

LÉONTE.

Ah ! c’est toujours une consolation…

Il aperçoit Camillo.

— Quoi ! Camillo ici !

CAMILLO.

Oui, mon bon seigneur.

LÉONTE.

— Va jouer, Mamilius, tu es un honnête homme…

Mamilius sort.

— Camillo, ce grand sire va prolonger son séjour.

CAMILLO.

— Vous avez eu beaucoup de peine à faire tenir son ancre ; — elle chassait, chaque fois que vous la jetiez.

LÉONTE.

Tu as remarqué ?