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CYMBELINE.

LA SUIVANTE.

— Oui, — à garder la chambre.

CLOTEN, lui remettant une bourse.

— Voici de l’or pour vous. Vendez-moi votre éloge.

LA SUIVANTE.

— Que voulez-vous dire ? Mon propre panégyrique, ou l’éloge — dont je vous croirai digne ?… La princesse !

Imogène survient.
CLOTEN, à Imogène.

— Bonjour, belle des belles ! Sœur, votre douce main !

La suivante se retire.
IMOGÈNE.

— Bonjour, monsieur. Vous vous mettez trop en frais — pour ne recueillir que des déboires : en remercîment, — tout ce que je puis vous dire, c’est que je suis pauvre de remercîments, — et que je n’en ai pas à donner.

CLOTEN.

Pourtant, je jure que je vous aime !

IMOGÈNE.

— Si vous vous borniez à le dire, la chose serait pour moi aussi sérieuse. — Vous aurez beau le jurer toujours, vous obtiendrez toujours pour récompense — que je ne m’en soucie pas.

CLOTEN.

Ce n’est pas là une réponse.

IMOGÈNE.

C’est de peur que vous ne vous écriiez : Qui ne dit mot consent, — que je vous parle. De grâce, épargnez-moi. Je le déclare, — je répondrai de manière aussi discourtoise — à vos plus tendres attentions. Un homme de votre haute sagacité — devrait, après tant de leçons, savoir se retirer.