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LES JALOUX.

du comte de Blois qui a « les yeux et les crins bleus, » puis la demoiselle de Coucy « à qui Dieu fasse grand merci, » puis une dame de Normandie « qui d’amour s’était enhardie. » Sur ce, le roi avise dans la salle un damoiseau « qui tient sur son poing un oiseau » et l’invite à roucouler une ariette. Après s’être un peu fait prier par la châtelaine de Dijon, ce damoiseau qui a nom Gérard, entonne Une chansonnette à Carole en l’honneur d’Euriante, sa bien-aimée :

J’ai amie la plus belle
Qui soit, dame ne demoiselle,
La plus sage et la plus courtoise,
Qui soit entre Metz et Pontoise.

Cette prétention de Gérard à avoir la plus courtoise amie qui soit entre Metz et Pontoise provoque les murmures d’un certain nombre de chevaliers. Un entre autres, Lisiart, comte de Forez, se fâche tout rouge et offre immédiatement de gager sa terre contre celle de Gérard qu’avant huit jours il aura fait tout ce que bon lui semblera de cette beauté si sage.

Jou meterai toute ma terre
Contre la soie, se requerre
Me laisse s’amie, c’ains viii jors,
Portant que miens soit li sejors,
Que tous mes bons sans contredire, Ferait de li…

Gérard, plein de confiance dans la vertu de sa bien-aimée, accepte le pari. Aussitôt Lisiart part pour Nevers et se présente chez madame Euriante, qui descend vite du haut de sa tour pour lui souhaiter la bienvenue. À peine tous deux sont-ils en présence, que Lisiart fait la déclaration la plus échevelée. Euriante résiste poliment : « Si je ne vous réponds, laidure, dit-elle, sachez que