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NOTES.

ner avec une grande solennité ; et, comme il fut le premier qui porta une couronne ici en Bretagne, il est nommé le premier roi de Bretagne, et tous ses prédécesseurs sont nommés chefs, ducs ou gouverneurs. » Holinshed, livre III, chapitre Ier.

(7) Le commentateur Douce ne manque pas ici de faire remarquer que l’auteur commet un anachronisme en conférant au roi païen Cymbeline l’ordre de la chevalerie, qui ne fut institué que beaucoup plus tard. Mais M. Douce, tout savant qu’il est, ne connaît pas aussi bien que Shakespeare, la véridique histoire de Holinshed, — laquelle histoire établit positivement que « Cymbeline fut élevé à Rome et là fait chevalier par César Auguste. »

(8) Ici encore le poëte prête à ses personnages les mœurs de son temps. Le fidèle Pisanio offre à Imogène le costume complet d’un gentilhomme de la cour d’Elisabeth, chapeau, pourpoint et haut de chausses. Voilà un pourpoint, diront encore les pédants, qui ressemble bien peu à la saga dont étaient revêtus les Celtes, au rapport de Diodore de Sicile. — Laissons rire les pédants et admirons.

(9) C’était, au temps de Shakespeare, une croyance populaire que le rouge-gorge prenait soin d’ensevelir sous la mousse et sous les fleurs les cadavres humains qui n’avaient pas été enterrés. Un poëte contemporain de notre auteur, Drayton, rappelle cette gracieuse superstition dans ces deux vers :

Covering with moss the dead’s unclosed eye,
The little redhreast teacheth charity.


Couvrant de mousse l’œil non fermé du mort,
Le petit rouge-gorge enseigne la charité.

(10) Cet incident, si invraisemblable qu’il paraisse, est strictement historique. Shakespeare n’a fait qu’en changer la date, en rapportant sous le règne de Cymbeline un événement qui eut lieu en 976, durant la guerre que Kenneth d’Écosse soutint contre les Danois. Voici le récit détaillé que le poëte a trouvé dans Holinshed : « Les Danois, comprenant qu’ils n’avaient plus d’espoir de conserver la vie, si ce n’est par la victoire, s’élancèrent avec une telle violence sur leurs adversaires, que d’abord l’aile droite, puis l’aile gauche des Écossais, furent forcées de plier et de fuir. Le centre maintint résolument le terrain, mais, étant laissé à nu sur les côtés, il était tellement exposé que la victoire serait forcément restée aux Danois, si un