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APPENDICE.

voulu consentir, craignant son mary, n’osoit dire mot, elle luy dit seulement.

— Gardez vous de donner aucun soupçon de vous à votre mari, et mettez peine, qu’il vous connoisse loyale, et pleine d’amour en son endroit.

— Ce que je fais, dit-elle, mais cela ne me sert de rien.

Le More ce pendant cherchoit de plus en plus le moyen de se certifier de ce qu’il n’eût voulu trouver : et pria l’enseigne de faire en sorte qu’il pût voir le mouchoir, en la puissance du caporal, et bien que cela fût fâcheux au traître, il lui promit néanmoins de mettre toute peine de l’acertener de cela.

Le caporal avoit une femme en sa maison, qui faisoit de merveilleux ouvrages sur la toile, laquelle voyant ce mouchoir, et entendant qu’il étoit à la femme du More, et qu’il lui seroit rendu, se mit à en faire un semblable, et en tirer le patron, devant qu’elle l’eût : et tandis qu’elle faisoit cela, l’enseigne s’aperçut, qu’elle étoit au droit d’une fenêtre, et qu’elle pouvoit être vue de ceux qui passoient par la rue, et pourtant il le fit voir au More, lequel estima et tint pour certain que sa femme qui étoit très-honneste, fût adultère.

Et arresta, avec l’enseigne, de la tuer et le caporal aussi, et devisans ensemble du moyen de ce faire, le More le pria de tuer le caporal, promettant qu’il lui en seroit à jamais obligé, et comme il refusa de vouloir faire telle chose comme très-mauvaise, et dangereuse, pour ce que le caporal n’étoit moins accord que vaillant, après l’en avoir bien prié, et lui avoir baillé une bonne somme d’argent, il l’incita à dire, qu’il tenteroit la fortune.

Cette résolution prinse, le caporal sortant un soir de la maison d’une putain, étant nuit, l’enseigne s’approcha