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CYMBELINE.
une simple promenade à cheval — que cet adieu serait encore trop court.
Elle détache un anneau de son doigt.

Tenez, amour, — ce diamant me vient de ma mère ; prenez-le, mon cœur ; — mais gardez-le jusqu’à ce que vous épousiez une autre femme, — quand Imogène sera morte.

POSTHUMUS.

Quoi ! quoi ! une autre femme ! — Dieux cléments, donnez-moi seulement celle qui m’appartient, — et retenez-moi loin des embrassements d’une autre — avec les liens de la mort !…

Mettant l’anneau à son doigt.

Toi, reste ici, — tant que la sensation pourra t’y garder !… Et vous, ma suave beauté, — il ne suffit pas qu’en vous échangeant contre ma pauvre personne, — vous ayez infiniment perdu ; il faut encore que dans nos moindres trocs — ce soit moi qui gagne sur vous. Portez ceci pour l’amour de moi : — ce sont les menottes de l’amour ; je veux les mettre — à cette belle prisonnière.

Il lui met un bracelet au bras.
IMOGÈNE.

Ô dieux, — quand nous reverrons-nous ?

Cymbeline arrive précipitamment avec plusieurs seigneurs.
POSTHUMUS.

Hélas ! le roi !

CYMBELINE, à Posthumus.

— Arrière, être infâme ! va-t’en ! hors de ma vue ! — Si après cet ordre tu encombres encore ma cour — de ton indignité, tu meurs ! Fuis ! — tu es un poison pour mon sang.