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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.

C’est ainsi que j’échappe à la douleur — de tuer Antoine !

Il expire.
ANTOINE.

Ami trois fois plus noble que moi-même, — tu me montres, vaillant Éros, qu’il faut — que je fasse ce que tu n’as pu faire. Ma reine et Éros — m’ont, par leur brave exemple, rappelé — à la dignité : je veux être — un fiancé pour la mort, et courir à elle — comme au lit d’une bien-aimée. Allons ! Éros, — ton maître meurt ton disciple : voilà ce que — tu m’as appris (28).

Il se jette sur son épée.

Eh quoi ! pas encore mort ! pas mort ! — Holà, gardes !… Oh ! achevez-moi.

Entrent Dercétas et des gardes.
PREMIER GARDE.

Quel est ce bruit ?

ANTOINE.

— J’ai mal fait ma besogne, ami : oh ! achevez — ce que j’ai commencé.

DEUXIÈME GARDE.

L’étoile est tombée !

PREMIER GARDE.

— Et les temps sont consommés !

TOUS.

Hélas et malheur !

ANTOINE.

— Que celui qui m’aime me frappe à mort !

PREMIER GARDE.

Ce ne sera pas moi.

DEUXIÈME GARDE.

Ni moi.