Bonne madame, pardonnez-moi.
— Aimez-vous mon fils ?
Votre pardon, noble maîtresse !
— Aimez-vous mon fils ?
Est-ce que vous ne l’aimez pas, madame ?
— Point de détours. Mon amour pour lui est un attachement — que je laisse voir au monde entier. Allons ! allons ! révélez-moi — l’état de votre cœur ; car votre émotion — vous accuse hautement.
Eh bien, je confesse — ici, à genoux, devant le ciel et vous, qu’ayant vous-même et après le ciel, — votre fils a mon amour ! — Mes parents étaient pauvres, mais honnêtes : ainsi est ma tendresse. — N’en soyez pas offensée, cela ne lui fait pas de mal d’être aimé de moi ; je ne le poursuis — d’aucune présomptueuse avance ; — je ne voudrais pas de lui avant de l’avoir mérité, — et pourtant je ne sais pas comment je puis le mériter jamais, — Je sais que j’aime en vain, que je me débats contre l’espérance ; — n’importe ! le vaste crible a beau fuir, — je ne cesse d’y verser les eaux de mon amour — qui ne cessent de s’y perdre. Ainsi, pareille à l’Indien, — dans ma religieuse erreur, je rends un culte — au soleil qui rayonne sur son adorateur — et ne le connaît que pour l’illuminer. Bien chère madame, — ne me rendez pas en haine l’amour — que j’ai pour celui que vous