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SCÈNE XIII.

contre dans les bourgs, les cités, les villages, — l’escortèrent sur les ponts, l’attendirent dans les ruelles, — déposèrent leurs dons à ses pieds, lui prêtèrent serment, — lui donnérent leurs héritiers pour pages, attachèrent — à ses pas leur multitude dorée. — Lui, aussitôt que sa grandeur a pris le temps de se reconnaître, — il se met au-dessus de la promesse — qu’il a faite à mon père, n’étant encore qu’un pauvre aventurier, — sur le rivage désert de Ravenspurg. — Et le voilà, morbleu, qui prend sur lui de réformer — certains édits, certains décrets vexatoires, — pesant trop lourdement sur la communauté ; — crie contre les abus, affecte de pleurer — sur les maux de sa patrie ; et grâce à cette grimace, — à ce bel air de justice, il gagne — les cœurs de tous ceux qu’il voulait amorcer. — Il est allé plus loin ; il a fait tomber les têtes — de tous les favoris que le roi absent — avait laissés comme lieutenants derrière lui, — alors qu’il faisait en personne la guerre d’Irlande.

blunt.

— Bah ! je ne suis pas venu pour entendre ceci.

hotspur.

Je conclus donc. — Peu de temps après, il déposait le roi, et bientôt lui ôtait la vie, — puis, immédiatement surchargeait de taxes l’État tout entier. — Pour combler la mesure, il souffrait que March, son cousin — (qui, si chacun était à sa place, — serait son roi), restât prisonnier dans le pays de Galles — et fut abandonné sans rançon. — Il m’humiliait dans mes plus heureuses victoires, — cherchait a me prendre au piége de ses ruses, — chassait mon oncle du conseil, — renvoyait avec rage mon père de la cour, — rompait serment sur serment, commettait iniquité sur iniquité, — et enfin nous réduisait à chercher — notre salut dans cette prise d’armes et à