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CORIOLAN.

Allons, mettez vos boucliers en avant de vos cœurs et combattez — avec des cœurs plus inflexibles que des boucliers… Avancez, brave Titus : — leur dédain pour nous dépasse toutes nos prévisions : j’en sue de fureur… Marchons, camarades : — celui qui recule, je le prends pour un Volsque, — et je lui fais sentir ma lance.

On sonne la charge. Les Romains et les Volsques sortent en combattant. Les Romains sont repoussés jusqu’à leurs retranchements.


Rentre Marcius.
marcius.

— Que tous les fléaux du Sud fondent sur vous, — vous, hontes de Rome ! vous, troupeaux de… — Que la peste vous plâtre — d’ulcères ; en sorte que vous soyez abhorrés — avant d’être vus et que vous vous renvoyiez l’infection — à un mille sous le vent. Âmes d’oies — qui assumez figures d’homme, comment avez-vous pu fuir — devant des gueux que des singes battraient ? Pluton et enfer ! — Tous blessés par derrière ! Rien que des dos rougis et des faces blêmies — par la déroute et la peur fébrile ! Reformez-vous et revenez à la charge ; — sinon, par les feux du ciel, je laisse là l’ennemi, — et c’est à vous que je fais la guerre ! Prenez y garde ! En avant ! — Si vous tenez bon, nous les renverrons à leurs femmes, — comme ils nous ont poursuivis jusqu’à nos retranchements !

On sonne une nouvelle charge. Les Romains reviennent contre les Volsques. Les Volsques se retirent dans Corioles, et Marcius les poursuit jusqu’aux portes de la ville.
marcius, aux soldats.

— Voilà les portes béantes ; secondez-moi bien ; — la fortune les ouvre pour les poursuivants — et non pour les fuyants. Remarquez-moi et imitez-moi.

Il entre dans la ville et les portes se referment sur lui.
premier soldat.

Quelle folie ! ce n’est pas moi qui en ferai autant.