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CORIOLAN.

aufidius.

— Ne nomme pas ce dieu, enfant des larmes !

coriolan.

Hein ?

aufidius.

Rien de plus.

coriolan, d’une voix tonnante.

— Menteur démesuré, tu fais déborder — mon cœur. Enfant !… Ô misérable ! — Pardonnez-moi, seigneurs, c’est la première fois — qu’on me force à récriminer. Votre jugement, mes graves seigneurs, — doit démentir ce chien ; et sa propre conscience, — à lui qui garde l’empreinte de mes coups et qui portera — ma marque au tombeau, se soulèvera pour lui jeter — ce démenti.

premier seigneur.

Silence, tous deux, et laissez-moi parler.

coriolan.

— Coupez-moi en morceaux, Volsques ! hommes et marmousets, — rougissez sur moi toutes vos lames.

À Aufidius.

Moi, un enfant ! Aboyeur d’impostures !… — Si vous avez écrit loyalement vos annales, vous y verrez — qu’apparu comme un aigle dans un colombier, j’ai ici — même dans Corioles, épouvanté tous vos Volsques, — et j’étais seul !… Un enfant !

aufidius.

Quoi ! nobles seigneurs, — vous permettrez que les exploits de son aveugle fortune, — qui furent votre honte, soient rappelés par ce fanfaron impie, — et sous vos yeux mêmes !

les conjurés.

Qu’il meure pour cela !

voix dans la foule.

Mettez-le en pièces !… sur-le-champ !… Il a tué mon