Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/130

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SCÈNE XI.
[Le camp français, près d’Azincourt.]
Entrent le Connétable de France, le sire de Rambures, le duc d’Orléans, le Dauphin et d’autres.
le connétable.

Bah ! j’ai la meilleure armure du monde… Je voudrais qu’il fît jour.

orléans.

Vous avez une excellente armure ; mais rendez justice à mon cheval.

le connétable.

C’est le meilleur cheval de l’Europe.

orléans.

La matinée n’arrivera donc jamais !

le dauphin.

Monseigneur d’Orléans, et vous, monseigneur le connétable, vous parlez de cheval et d’armure ?

orléans.

Vous êtes, sous ces deux rapports, aussi bien pourvu qu’aucun prince du monde.

le dauphin.

Quelle longue nuit que celle-ci !… Je ne changerais pas mon cheval pour n’importe quel animal marchant sur quatre paturons. Ça ! ah ! il bondit de terre comme s’il était rembourré de crin ; c’est le cheval volant, le Pégasse qui a les narines de feu ! Quand je le monte, je plane, je suis un faucon ; il trotte dans l’air ; la terre chante quand il la touche ; l’infime corne de son sabot est plus harmonieuse que la flûte d’Hermès.

orléans.

Il a la couleur de la muscade.

le dauphin.

Et la chaleur du gingembre. C’est une bête digne de