Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/221

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C’est maintenant l’heure du souper à Orléans : — d’ici, à travers cette grille, je puis compter tous leurs hommes, — et voir où les Français se fortifient ; — regardons, ce spectacle te fera grand plaisir. — Sir Thomas Gargrave, sir William Glansdale, — faites-moi connaître vos opinions expresses : — sur quel point notre prochain feu peut-il être le plus efficacement dirigé ?

gargrave.

— Je pense que c’est à la porte nord, car il y a là des seigneurs.

glansdale.

— Et moi, ici, au boulevard du pont.

talbot.

— D’après tout ce que je vois, il faut affamer cette ville, — ou l’affaiblir par une succession de légères escarmouches.


Un coup de canon part des remparts, Salisbury et sir Thomas Gargrave tombent.


salisbury.

— Ô Seigneur, ayez pitié de nous, misérables pécheurs !

gargrave.

— Ô Seigneur, ayez pitié de moi, malheureux homme !

talbot.

— Quelle catastrophe traverse soudainement nos projets ! — Parle, Salisbury, si du moins tu peux parler encore. — Comment es-tu, miroir de tous les hommes de guerre ! — Un de tes yeux et un côté de ta joue emportés ! — Maudite tour ! Maudite main fatale — qui a perpétré cette lamentable tragédie ! — Dans treize batailles Salisbury triompha ; — le premier il forma Henri V à la guerre ! — Tant que sonnait une trompette ou que battait un tambour, — son épée ne cessait de frapper sur le champ de bataille… — Vis-tu encore,