Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/235

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notre pays, tues nos citoyens, — et envoies en captivité nos fils et nos maris.

talbot, éclatant de rire.

— Ha ! ha ! ha !

la comtesse.

— Tu ris, misérable ! Ton hilarité se dissipera en gémissements.

talbot.

— Je ris de vous voir si simple, madame ; — vous vous figurez que vous possédez autre chose que l’ombre de Talbot — pour objet de vos rigueurs !

la comtesse.

— Quoi ! tu n’es pas l’homme !

talbot.

Je le suis en effet.

la comtesse.

— J’ai donc la substance, comme l’ombre.

talbot.

— Non, non, je ne suis que l’ombre de moi-même. — Vous vous trompez, ma substance n’est pas ici ; — car ce que vous voyez n’est que la plus mince fraction, — la plus petite portion de l’homme. — Je vous le déclare, madame, s’il était ici tout entier, — son envergure est si vaste et si grandiose — que votre toit ne suffirait pas à le contenir.

la comtesse.

— Ce manant parle par énigmes : — il est ici, et n’y est pas. — Comment ces contradictions peuvent-elles se concilier ?

talbot.

— Je vais vous le montrer sur-le-champ.


Il sonne du cor. Roulement de tambour, puis décharge d’artillerie. Les portes du château sont enfoncées, et des soldats entrent.


talbot, continuant.

— Qu’en dites-vous, madame ? Êtes-vous convaincue