Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/281

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ses, — prolonge la résistance en attendant du secours, — vous, son faux espoir, vous, le dépositaire de l’honneur de l’Angleterre, — vous vous tenez à l’écart par une indigne jalousie. — Que vos rancunes personnelles ne le privent pas — des renforts qui lui doivent leur aide, — au moment même où lui, cet illustre et noble gentilhomme, — joue sa vie contre des forces écrasantes. — Le bâtard d’Orléans, Charles, Bourgogne, — Alençon, René l’enveloppent, — et Talbot périt par votre faute.

somerset.

— C’est York qui l’a engagé ; c’est à York de lui porter secours.

lucy.

— York, de son côté, se récrie contre Votre Grâce, — et jure que vous retenez les levées — réunies pour cette expédition.

somerset.

— York ment ; il n’avait qu’à faire demander la cavalerie, et il l’aurait eue. — Je lui dois peu de respect, encore moins d’affection, — et je considérerais comme une indigne bassesse de devancer son caprice par un envoi.

lucy.

— C’est la perfidie de l’Angleterre, et non la force de la France, — qui aujourd’hui prend au piége le magnanime Talbot. — Jamais il ne retournera vivant en Angleterre ; — il meurt, sacrifié à la fatalité par vos discordes.

somerset.

— Allons, partez ; je vais expédier la cavalerie sur-le-champ ; — dans six heures elle lui apportera son aide.

lucy.

— Ce secours arrive trop, tard ; il est déjà pris ou tué, — car il ne pouvait fuir, quand il l’aurait voulu, — et