Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/312

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France — que son alliance affermira notre paix — et maintiendra les Français dans l’allégeance.

glocester.

— Et il en est de même du comte d’Armagnac, — puisqu’il est le proche parent de Charles.

exeter.

— En outre, son opulence garantit une riche dot, — tandis que René est plus prêt à recevoir qu’à donner.

suffolk.

— Une dot, milords ! n’avilissez pas à ce point votre roi, — ne le faites pas si abject, si bas et si pauvre — qu’il doive choisir par intérêt et non par pur amour. — Henry est en état d’enrichir sa reine, — et n’a point à chercher une reine qui le fasse riche. — Que de misérables paysans marchandent leurs femmes, — comme on marchande un bœuf, un mouton ou un cheval ! — Le mariage est une affaire trop haute — pour être traitée par un courtier. — Ce n’est pas celle que nous souhaitons, mais celle que Sa Majesté aime, — qui doit être sa compagne au lit nuptial ; — et, milords, puisqu’il aime mieux Marguerite, — c’est une raison souveraine — pour que dans notre opinion elle doive être préférée. — Car qu’est-ce que le mariage forcé, sinon un enfer, — une vie de discordes et de continuelles querelles ? — Tandis que le mariage contraire produit le bonheur, — et est l’image de la paix céleste. — Pour Henry, pour un roi, quel parti plus assorti — que Marguerite qui est la fille d’un roi ? — Sa beauté incomparable, jointe à sa naissance, — fait qu’un roi seul est digne d’elle. — Son vaillant courage et l’intrépide énergie — qui la distingue entre toutes les femmes — répondront à notre espoir d’une lignée vraiment royale. — Car Henry, fils d’un conquérant, — est appelé à engendrer de nouveaux con-