Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/53

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leur antagonisme séculaire toutes les fureurs de cette animosité internationale. Eh bien, il est temps que ces deux peuples mettent bas les armes et se donnent la main. Il est temps qu’après avoir offert le scandale de leur division, ils donnent l’édifiant spectacle de leur harmonie. Il est temps qu’ils cessent de se maudire, de se calomnier, de se provoquer, de se défier, de s’exécrer, de s’entre-détruire. Assez de déprédations, de combats, de tueries, d’exterminations ! Assez de Poitiers, de Crécy et d’Azincourt ! Il est temps que les deux nations soient unies, et il faut que cette union soit éclatante et solennelle : ce doit être une cérémonie auguste ; ce doit être une fête religieuse et populaire. Pour une telle célébration, il faut que partout les villes et les villages mettent leurs parures de noces, que partout les cloches sonnent à toute volée, que partout les feux de joie s’allument. L’alliance entre la France et l’Angleterre doit être le contact de deux cœurs, le baiser de deux esprits. Elle doit être à la fois un mariage de raison et un mariage d’amour. Il faut que le fiancé soit fait d’héroïsme, et la fiancée faite de grâce. Il faut enfin que Henry épouse Catherine ; et le poëte, officiant de son accent le plus ému, prononcera la bénédiction nuptiale :

— Que Dieu, le suprême faiseur de mariages, confonde vos cœurs en un seul, vos royaumes en un seul ! Comme l’homme et la femme à eux deux ne font qu’un en amour, ainsi puissent vos royaumes s’épouser si bien que jamais un mauvais procédé, que jamais cette cruelle jalousie, qui souvent bouleverse le saint lit conjugal, ne se glisse dans le pacte de ces empires pour rompre par le divorce leur indissoluble union !