jourd’hui d’accord pour affirmer que ce drame n’est autre que la pièce, quelque peu retouchée par Shakespeare, qui lui a été attribuée plus tard par l’édition de 1623. À l’appui de cette thèse, Malone a fait observer que la qualification de terreur des Français, appliquée à Talbot par Nash, est extraite textuellement de ce vers de la première partie de Henry VI :
Here, said they, is the terror of the French.
Quel serait l’auteur de la pièce anonyme représentée au théâtre de La Rose ? Certains commentateurs l’attribuent à Greene, d’autres à Marlowe. Ce qui est sûr, c’est que Nashe, qui en fait un si grand éloge, était l’intime ami de ces deux poëtes ; il avait fait notamment en collaboration avec Marlowe une certaine tragédie pseudo-classique intitulée Didon. En outre il s’était proclamé hautement l’adversaire littéraire de Shakespeare dans une épître publiée en tête de l’Arcadie de Greene, où il dénigrait Hamlet ; et l’on peut affirmer qu’il n’eût pas loué ainsi la pièce historique de Henry VI, si elle avait été l’œuvre reconnue du grand homme qu’il considérait comme un ennemi.
Maintenant, comment Shakespeare a-t-il été amené à retoucher une pièce évidemment composée par un de ses rivaux ? C’est ce qui nous reste à éclaircir.
Or nous savons qu’il existait en 1591 deux ouvrages
dramatiques, largement retouchés, sinon entièrement
conçus par Shakespeare, lesquels mettaient en scène les
principaux événements accomplis en Angleterre même
durant le règne de Henry VI, c’est-à-dire les discordes civiles
suscitées d’abord par la querelle du cardinal de
Winchester et du duc de Glocester, et ensuite par le conflit
des deux maisons royales de Lancastre et d’York. Ces