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HENRY VI.

vais tuer mon cheval, parce que je ne veux pas fuir. — Pourquoi, comme des femmes pusillanimes, restons-nous ici — à pleurer nos pertes, tandis que l’ennemi fait rage ? — Pour quoi restons-nous spectateurs, comme s’il s’agissait d’une tragédie, — jouée pour le plaisir par des acteurs déclamant ? — Ici, à genoux, devant le Dieu d’en haut, je fais le vœu — de ne jamais m’arrêter, de ne jamais me reposer, — que la mort n’ait fermé mes yeux, — ou que la fortune n’ait comblé la mesure de ma vengeance.

édouard.

— Ô Warwick ! je plie mon genou avec le tien, — et dans ce vœu j’enchaîne mon âme à la tienne… — Avant que mon genou se détache de la froide surface de la terre, — j’élève mes mains, mes yeux, mon cœur vers Toi, — faiseur et destructeur de rois, — te suppliant, si c’est ta volonté — que ce corps soit la proie de mes ennemis, — d’ouvrir les portes de bronze du ciel — et d’accorder un doux accès à mon âme pécheresse ! — Maintenant, milords, disons-nous adieu jusqu’à ce que nous nous retrouvions, — soit au ciel, soit sur la terre !

richard.

— Frère, donne-moi ta main ; et toi, cher Warwick, — laisse-moi t’étreindre dans mes bras fatigués. — Moi qui n’ai jamais pleuré, je fonds en larmes maintenant — en voyant l’hiver si vite couper court à notre printemps.

warwick.

— Partons, partons ! Encore une fois, chers seigneurs, adieu.

george.

— Allons tous ensemble rejoindre nos troupes, — et donnons la permission de fuir à ceux qui ne désirent pas rester ; — saluons, comme nos piliers, ceux qui veulent demeurer avec nous ; — et, si nous triomphons, promettons-leur les récompenses — que remportaient les vain-