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SCÈNE XVI.

rivers.

— Ces nouvelles sont bien douloureuses, je dois le confesser ; — cependant, gracieuse madame, supportez ce malheur de votre mieux : — Warwick, qui aujourd’hui a gagné la victoire, peut la perdre demain.

la reine élisabeth.

— Jusque-là la douce espérance défendra mon existence de l’abattement. — Au surplus, je dois me sevrer de tout découragement, — par amour pour l’enfant d’Édouard que je porte dans mon sein. — Voilà pourquoi je mets un frein à mon émotion, — et je supporte avec résignation la croix de mon infortune. — Oui, oui, c’est pour cela que je dévore tant de larmes — et que je comprime tant de soupirs brûlants, — de peur que soupirs ou larmes ne flétrissent ou ne noient — le fruit du roi Édouard, le légitime héritier de la couronne d’Angleterre.

rivers.

— Mais, madame, qu’est donc devenu Warwick ?

la reine élisabeth.

— J’apprends qu’il marche sur Londres, — pour replacer la couronne sur la tête de Henry : — devine le reste ; les amis du roi Édouard doivent plier. — Mais pour prévenir la violence du tyran — (car qui a une fois rompu son serment ne mérite plus confiance), — je vais de ce pas dans un sanctuaire, — afin de sauver du moins l’héritier des droits d’Édouard ; — là je serai à l’abri de la force et de la fraude. — Venez donc, fuyons, tandis que nous pouvons fuir ; — si Warwick nous prend, nous sommes sûrs de mourir.

Ils sortent.