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SCÈNE I.

tre trônes qui eussent pu faire équilibre — à cette monarchie unique ?

buckingham.

J’ai été tout ce temps — prisonnier de ma chambre.

norfolk.

Alors vous avez perdu — le spectacle de la gloire terrestre. On pouvait dire — jusque-là que la pompe était vierge, mais alors elle était mariée — à ce qui lui était supérieur. Chaque journée nouvelle — surpassait la journée précédente, jusqu’à ce que la dernière — s’appropriât les prodiges de toutes. Aujourd’hui, les Français, — tout clinquant et tout or, comme des dieux païens — éclipsaient les Anglais ; le lendemain, ceux-ci — faisaient de la Grande-Bretagne l’Inde : tout homme qui surgissait — semblait une mine. Les pages nains étaient — autant de chérubins, tout dorés ; les madames même, — peu habituées à la fatigue, étaient presque en sueur sous le poids — de leur coquetterie : leur effort même — leur servait de fard. Telle mascarade — était proclamée incomparable, dont la soirée suivante — faisait une niaiserie et une misère. Les deux rois, — d’un lustre égal, perdaient ou gagnaient, — selon leurs apparitions : la louange était toujours — pour celui qu’on apercevait ; mais, quand tous deux étaient présents, — il semblait qu’on n’en vît qu’un ; et pas un critique — n’eût osé remuer la langue dans une comparaison. Quand ces soleils — (car c’est ainsi qu’on les désigne) eurent par leurs hérauts — provoqué aux joutes tous les nobles cœurs, il se fit — des exploits incroyables : si bien que les vieilles légendes fabuleuses, — désormais reconnues possibles, trouvèrent crédit, — et qu’on crut à Bévis (62).

buckingham.

Oh ! vous allez loin.